[Libre] La poisse!!

Liù traînait dans la rue comme à son habitude et bombait sur les murs. Il avait une bombe verte dans une main et une rouge dans l’autre. Le petit s’amusait à faire des lignes qui se croisaient et s’entrecroisaient, ça ne représentait rien de particulier mais Liù trouvait ça joli. Le petit était tellement concentré sur ce qu’il faisait que le bout de sa langue dépassait comme c’était bien souvent le cas lorsqu’il se concentrait sur quelque chose.

Le garçonnet se mit sur la pointe des pieds pour essayer de colorer le mur un peu plus haut mais bientôt il n’arriva pas à faire plus. Le petit ne se découragea pas pour autant et se mit à sautiller, il voulait tellement pouvoir étendre ses couleurs encore plus haut ! Mais c’était fatiguant et il n’arrivait pas à dépasser ses limites imposées par sa petite taille.

« Roooh ! C’est trop nul ! » Râla-t-il avant de donner un coup de pied dans le mur, un peu trop fort d’ailleurs…

« Aïe ! Ouille ! Ouille ! Fichu mur ! Non seulement t’es trop haut mais en plus t’es trop dur ! »

Ou alors c’était lui qui avait trop de force ? Cette idée lui plaisait mais il n’était pas stupide, il savait qu’il n’était pas très fort, quand il jouait parfois à la bagarre avec l’un de ses grands frères, il se faisait toujours battre à plat de couture et il allait bouder dans son coin pendant quelques heures car il était mauvais perdant.

Liù cessa de s’énerver contre le mur qui était resté silencieux comme savait si bien le faire un mur… Enfin bref, il décida d’aller tagger un peu plus loin et là manque de peau, il découvrit que ses bombes étaient vides ! Il ouvrit de grands yeux et se prit la tête entre les mains.

« Raaah c’est pas vrai ! Quelle poisse ! Pourquoi ça m’arrive ?! C’est nul ! Nul ! Nul !! »

En plus, il avait pas pensé à en prendre plus dans son sac à dos ! Enfin si, il y’avait pensé mais il ne l’avait pas fait… Pourquoi ne l’avait-il pas fait ? Telle était la question qu’il se posait à présent.

« Raah C’est vraiment trop bête ! »

Nécessité faisant loi de temps à autres il fallait bien descendre soit même pour dealer son gagne pain. Pourquoi personnellement ? C'était comme demander pourquoi la folie était humaine, ça ne s'expliquait pas mais c'était un fait immuable.
Armé de sa lourde veste qui traînai largement par terre et qui finissait même par se déchirer sur les bords, de sa besace dans laquelle bien des rebelles tueraient pour en récupérer son contenu..
Rien que ça suffisait à décrire et à hurler qu'il était un Mafieux mais encore plus quand on regardait son visage percé sur les arcades et la lèvre, ses longs cheveux noirs parsemés de mèches violacées et ses vêtements vifs et colorés de rouge sur certains endroits.
Calme il descendait les rues des taudis et était confiant dans ses stocks et dans ses clients. Avec amusement il croisait plus ou moins des drogués ou des putes, de temps à autres quelques tags encore frais qui venaient tout juste d'être abandonnés par la peur de leurs propriétaire. Un homme de la carrure d'Elvan effrayait déjà en temps normal, d'avantage ici quand on savait très bien qui il était et ce qu'il pouvait faire et apporter.
Au coin d'une rue il entendit une bombe cracher ses derniers relans de couleur, une âme de moins sur cette foutue planète.
Sourire vissé aux lèvres il passa ses mains sur son visage se rafraîchissant doucement et détendant ses expressions un peu lassées de tant d'ordures dans cette partie de la ville. Calmement il s'orienta vers le son qui s'était tu avant d'entendre un gamin baragouiner quelque chose sous la colère.

Attiré il arrivait avec « hâte » vers le jeune homme qui s'avérait être bien jeune vu sa taille, pourtant bien couillue vu ce qu'il venait de faire. A croire que tagguer les murs était une passion dans cette ville de cinglés. Enfin ça restait un client alors autant s'en servir. Main dans sa besace il sorti une bombe de peinture qu'il secoua énergiquement espérant ainsi attirer l'oeil de sa cible :

-Oups, c'est dommage j'ai trop de bombes sur moi...

Assuré, lèvres amusées et sourire en coin il baissa légèrement la tête minant un fou rire interne. Détendu il lançait sa bombe qu'il rattrapait avant de la relancer vers le gamin.
Une sorte de cadeau de bienvenue dans ses clients anonymes, celles qui suivraient devraient être payées mais celle là était comment dire... Un appât de taille en ces lieux.
Il se rapprocha du jeune homme murmurant au passage :

-Seul à ton âge, c'est audacieux et ça m'intéresse...

Attention, on attire pas les mouches avec du vinaigre et ça, c'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd pour l'Allemand.

[Désolée, c'est court mais le débit du lycée et le peu de temps qu'il me reste aident pas, les autres seront bien mieux ^^]

L’attention de Liù fut portée vers le bruit d’une bombe qu’on secoue et la voix d’un homme qui se plaignait d’avoir trop de bombes sur lui. Bah tiens ! S’il en avait trop, il n’avait qu’à s’en débarrasser ! C’est ce que lui fit d’ailleurs remarqué le petit bonhomme qui ne manquait pas de cran malgré son jeune âge.

Il fixait l’homme à la longue veste qui nettoyait le sol, ses cheveux avaient une couleur peu courante et peu naturelle, le petit se douta qu’il devait s’agir de ce qu’on appelait “teinture“, son grand frère lui en avait déjà parlé une fois. En plus le monsieur portait du rouge sur ses vêtements !

*Alors ça c’est vraiment classe !* songea Liù dont la couleur préférée était le rouge.

Le garçon détaillait cet inconnu qui s’amusait à lancer une bombe en l’air et à la rattraper. Mouais… Il avait beau être classe, c’était vachement agaçant ! En plus, ça aussi Liù pouvait le faire ! D’ailleurs il s’y risqua mais ne parvint pas à rattraper la bombe d’une main, celle-ci tomba par terre dans un bruit de roulement mécanique. Le petit la regarda rouler d’un air blasé et haussa les épaules :

« C’était voulu de toute façon. »

Il n’allait pas admettre qu’il avait raté son coup quand même ! Ah non, non, non ! Déjà que c’était trop la honte d’avoir loupé son coup devant un type aussi classe ! M’enfin mieux valait faire semblant de rien. Le mafieux lança alors la bombe qu’il s’amusait à lancer en l’air et rattraper à Liù qui la rattrapa à deux mains.
Le jeune garçon fronça un sourcil, surpris puis il esquissa un petit sourire malicieux :

« Cool ! Je garde ! Par contre, t’attends pas à un merci ! »

C’était clair et net, Liù n’avait pas la moindre intention de se plier à dire merci à un parfait inconnu. D’autant plus que des bombes il savait s’en procurer : il lui suffisait de les chiper dans les affaires de son frère. Quoiqu’il arrivait qu’il n’en ait plus et que Liù doive attendre avant de pouvoir recommencer à tagger. Hm… Finalement, ça ne pourrait pas être mal d’avoir un fournisseur comme ça il ne devrait plus toujours dépendre de son frère.

Le garçon secoua la bombe et s’appliqua à poursuivre ses tags sans se soucier de l’inconnu qui s’approcha de lui et lui murmura qu’il était audacieux à son âge. Flatté, Liù esquissa un fier sourire et bomba le torse :

« Ouais ! J’suis p’t êtr’ pas très grand mais j’suis pas une chochotte moi ! Et puis je sais me défendre aussi ! J’ai peur de rien ni de personne moi ! »


[Ah parce que t'appelle ça "court" toi? xD]

[Bah sur les ancêtres archaïques du Bahut ça y ressemblait mais là ça a l'air d'être ce que je fais d'hab... Mais n'empêchera pas ma pomme de faire mieux !]

Ses mains dans ses poches il regardait le gamin qui semblait bien sûr de lui, tellement même qu'il restait parfois là à observer son vis-a-vis. Intrigué le trentenaire fixait avec attention le jeune homme qui s'était emparé d'une de ses bombes la laissant maladroitement tomber. Il était confiant et fier de lui apparemment et son amour propre avait besoin de s'exprimer vu sa réaction. Quoi de plus normal en ces lieux que de vouloir s'affirmer ?

"Avec les moyens il pourra devenir un excellent pion"

Il souriait d'avantage à cette pensée, calmement il regardait le môme attraper in-extremis la bombe que l'Allemand avait envoyée, la serrant dans ses mains il se remit à tagguer tout naturellement. Tournant le dos à un homme passablement hors la loi et probablement armé.
Quelques phrases cinglantes typique des gens qui n'avaient jamais eu à se taire pour survivre et si les choses se passaient comme l'espérait l'aîné il risquerait de ne jamais avoir à connaître ces situations.
D'ailleurs la réaction du gamin tournait en faveur de ses attentes, simplement l'Allemand se détendit sortant ses mains de sa poche, poings fermés. Tendant sa main gauche qu'il posa ensuite sur le mur loin du tag exposant également une petite liasse de billets. Bien à vue le trentenaire se rapprocha encore un peu cachant à un éventuel badaud ses paroles susurrées :

-Tu devines très bien que cette bombe est juste un cadeau, les autres tu devras les payer. Cependant travailles pour moi et tu n'auras même pas à te soucier du "comment m'en procurer" mais plutôt du "comment je vais faire pour vider toutes les bombes que j'ai"...

Sérieux il gardait son sang-froid tout en étant légèrement penché au dessus du gamin. Visage serein ses hanches étaient à découvertes laissant en exposition libre le 48 slug' qu'il gardait toujours avec lui. Comme quoi une fois sous sa tutelle se défendre posait encore moins de problèmes.

Liù tagguait paisiblement sans même se soucier de la personne imposante qui l’observait et qui vint se poster à côté de lui. Le petit ne put s’empêcher de lui jeter un coup d’œil et ses petits yeux marron se posèrent sur l’arme qu’il lui exposait en la laissant ainsi à découvert. Le gamin ne put s’empêcher de laisser s’échapper un "Waah!" d’admiration.

Bah oui quoi ? Avoir une arme, c’était pas rien ! Liù trouvait même ça super classe ! En tout cas, lui, s’il avait eu une arme, il y’en aurait pas mal qui aurait apprit à le respecter ! Oh que oui ! Parole de Liù !
En plus, ce mec tout stylé et armé lui proposait de bosser pour lui ! En échange de bombes.

Le petit qui s’était arrêté de tagger prit la peine de réfléchir un moment à cette proposition alléchante. Au moins en bossant, il ne devrait plus compter sur son frère, et apparemment, en travaillant pour ce mafieux, il gagnerait certainement plus de bombes que son frère ne pouvait s’en payer rien qu’en travaillant honnêtement.

« Et ce serait quoi comme boulot ? »

Liù était prêt à accepter le deal et à bosser pour cet homme mais avant, il voulait savoir ce que celui-ci lui proposerait comme travail. Après tout, ce n’était pas une décision qui se prenait à la légère. En tout cas, une chose semblait certaine : s’il travaillait pour cet homme qui devait sûrement être quelqu’un d’important dans son milieu, il bénéficierait sûrement d’une protection.

*Peut-être qu’il me donnera une arme ?* songea-t-il.

Oh que cette idée lui plaisait ! Il pourrait frimer avec et intimider ses ennemis avec ! Ce serait le pied de les voir surpris et complètement désorienté. Car c’est bien connu : il n’y a pas plus déstabilisant qu’une arme entre les mains d’un enfant.

Il n'avait pas fallut grand chose pour obtenir l'écoute tant attendue, s'étant arrêté tout seul comme un grand de taguer son mur. Agréablement surprit de tant de « docilités » le trentenaire ferma l'exposition tout public pour l'instant, se concentrant d'avantage sur les questions qui pourraient suivre.
D'ailleurs pas besoin d'attendre 500 ans pour entendre la question fatidique « quel genre de boulot »...
AH ça avec la Mafia on pouvait toucher à tout mais c'était plus ciblé quand il s'agissait d'une offre de l'Allemand. Calme il inspira doucement avant de reculer prenant dans son élan l'épaule du jeune homme qu'il tira doucement pour l'attirer dans la bonne direction.

Au fond de la ruelle on pouvait plus ou moins apercevoir un gars assez trapu sous sa veste noire, enfin l'image typique qu'on se faisait du dealer de drogue. Mains dans les poches internes et l'oeil agars au cas où quelqu'un veuille s'acheter de quoi plâner et faire l'aller-retour « Terre/Serapis » :

-Tu vois ça, tu devines ce qu'il fait ?

Il laissait le temps de répondre à son interlocuteur, en même temps il le relâcha prenant la peine de faire signe au mec au bout de la rue. Doutant un peu au départ l'homme en question s'avança discrètement ouvrant en grand sa veste découvrant les gros sacs de poudre blanche, de fioles et autres sans hésiter.
Reconnaissant son supérieur hiérarchique il commença son speech pour vendre de la drogue au petit, tout y passait, il vantait même des miracles divers et variés qui étaient tous faux pour celui qui savait.
Fin du show, le mec tendit un échantillon expliquant très bien « how to use it », et éventuellement qu'il était très sérieux chose qui fît sourire le trentenaire.
Avant même que qui que se soit touche au petit sachet qui ce dealer tendaiit l'Allemand sorti son 48 qu'il braqua entre les deux yeux du mec qui avait juste le temps de lâcher le sachet avant de tomber lui-même par terre dans le bruit sourd d'une balle qui sortait du canon pour percuter le crâne et le briser pour se loger dans une cervelle à moitié rongée par la drogue.
Un peu de sang giclait au sol, sur les vêtements des deux hommes restant, d'ailleurs l'aîné sortit un tissus blanc et s'essuya le visage puis il passa le tissus à son « protégé » avant de reprendre la parole :

-Voilà ce que tu ne devras pas faire, exposer fièrement ce que tu vends. Drogues, organes, femmes et quand je pourrais avoir totalement confiance en toi ça sera des armes et de la peinture.

Sous entendu, j'apprend que tu te vantes d'être mafieux et tu finiras comme ce trou du cul qui gît dans son propre sang.
Bien sûr il le sous entendait gentiment, il était diplomate le mafieux et savait très bien qu'en choquant pour rien son public il n'obtiendrait rien.
Ce qui était bien en étant comme Elvanthyel c'est que rien qu'avec sa gueule d'ange mannequin tout doux gentil on pouvait convaincre les foules, encore plus quand il ouvrait la bouche pour endormir son auditoire.
Ah pour la drogue qui restait... :

-Si tu acceptes tu peux commencer dès maintenant avec ce qu'il a sur lui. Le paiement se fait au jour, tu travailles aujourd'hui et je te paye moi-même ce soir. 10 bombes pour ta première journée, une prime en quelque sorte pour garder sous silence ton nouvel emploi.

Le trentenaire rangea son slug' sous sa veste, l'endroit de prédilection, avant de reposer sa main gauche sur l'épaule du jeune garçon, se rapprochant de lui doucement :

-Elvanthyel, ton nouveau patron à partir de maintenant. Pour recevoir ton paiement tu pourras passer directement chez moi. Demandes à n'importe quel dealer il saura t'y emmener.

Ca dit, calmement et avec tact s'il vous plaît, il se reculait un peu passant ses mains dans ses cheveux qu'il secoua pour empêcher le sang de coller, également pour se détendre mais ça...
D'autres questions à poser ? Pas d'inquiétudes il reste à disposition pour répondre à toute questions !

Le trentenaire ne répondit pas tout de suite à la question du garçon, se contentant de poser sa main sur l’épaule du petit et de l’attirer dans la direction voulue. Liù fronça un sourcil, perplexe. Il n’aimait pas trop cette méthode mais était curieux de voir où il comptait l’emmener. L’homme l’attira dans une ruelle où ils virent un homme. Ils l’observèrent un moment avant que l’adulte ne prenne la parole et demande au gamin s’il voyait et devinait ce qu’il faisait.
L’enfant acquiesça. Il n’était pas ignorant au point de ne pas savoir ce que faisait cet homme, ses parents et ses aînés l’avaient déjà mis suffisamment en garde contre les drogues et les dealers.

L’homme tout classe retira sa main de son épaule et fit signe à l’autre individu qui approcha en découvrant tout un tas de sachets poudres blanches. Liù l’écoutait vanter ses produits en se disant que ça pouvait pas égaler le plaisir qu’il avait en taguant les murs. Le dealer tendit un sachet de cette poudre blanche, le petit ne prit même pas la peine de tendre la main vers celui-ci, fixant simplement celui-ci en ce disant que ça aurait été mieux si ça avait été du cacao. Il aimait bien le cacao, mélangé avec du lait bien sûr ! Mais ce n’était qu’à l’occasion des jours de fêtes qu’ils se permettaient ce luxe dans sa famille.

Il pensait à ça quand il vit l’homme à la chevelure pourpre sortir son arme et la pointer vers l’autre avant de tirer. Liù eut un mouvement de recul et plaqua ses petites mains contre ses oreilles. Sonné à la fois par la détonation et par la vue de l’homme écroulé par terre, baignant dans son propre sang. C’était la première fois qu’il voyait un cadavre mais aussi la première fois qu’il voyait un homme se faire tuer devant ses yeux. Même si le petit aimait jouer les durs, il ne restait encore qu’un enfant, une boule se forma dans son estomac et il avait la gorge nouée avec une irrépressible envie de vomir. Les yeux grands ouverts, il fixait le corps inerte, choqué, médusé.

Secoué de tremblements le petit posa sa main sur le mur et vomit. Il toussa, continua de vomir et sans comprendre pourquoi, des larmes longèrent ses joues. Pourquoi pleurait-il ? C’était pas digne d’un garçon de pleurer ! Et puis qu’est-ce que ça pouvait lui faire que ce type soit mort ? Il ne le connaissait même pas ! Et il avait bien tenté de lui vendre de la crasse. Car c’est ainsi que ses frères qualifiaient ce type de produits. Liù se saisit du mouchoir en tissu que lui tendit l’homme et essuya son visage sur lequel étaient restées des tâches de sang. Liù se calma et reprit peu à peu un rythme de respiration normal.

L’homme lui expliqua en quoi consisterait son travail vendre sans exposer fièrement ce qu’il vend. Evidemment, Liù savait que c’était illégal, ç’aurait été stupide de s’exposer comme ça au danger. Maintenant, il savait en quoi consistait le travail mais avait-il vraiment le choix après ce qu’il avait vu ? S’il refusait, est-ce qu’il ne risquait pas de finir comme cet homme qui gisait par terre ? S’il acceptait, il pouvait commencer dès maintenant avec ce que le cadavre avait sur lui.

Dans son esprit, c’était le brouillard total, Liù était incapable de réfléchir et incapable de prendre une réelle décision, de toute façon, le choix ne se posait plus vraiment à présent. Il en savait trop. Son nouveau patron posa sa main sur son épaule et lui apprit qu’il s’appelait Elvanthyel.

Liù acquiesça d’un faible signe de tête. Il s’avança un peu du cadavre, mu par une force nouvelle qu’il ne savait pas lui-même où il avait été puiser, peut-être la crainte ? Il se saisit de la marchandise qu’il rangea dans son sac qu’il referma avant de le remettre sur ses épaules. Il se redressa et fixa son nouveau patron qui lui promettait dix bombes pour sa première journée. Dix. C’était pas rien. Il pourrait même en vendre une pour pouvoir s’acheter des bonbons à la place. Liù se promit qu’il essaierait d’oublier cet incident et de penser à l’avenir qui s’offrait à lui, il gagnerait de quoi colorer les murs de ce satané monde et même de l’argent qu’il pourrait ramener à la maison pour aider sa famille à joindre les deux bouts, lui aussi.

« Liù. Moi, c’est Liù. » répondit le petit en rendant le tissu que lui avait tendu Elvanthyel quelques instants plus tôt.

Le petit commençait à reprendre peu à peu de l’assurance et demanda s’il devait vendre la marchandise à un prix particulier. Parce qu’il ne devait sûrement pas la vendre à des prix dérisoires, il préféra s’assurer du prix de minimum conseillé par son patron. Après, il pourrait toujours essayé de la vendre un peu plus cher et de garder les excès pour lui.

Détendu il jetait rapidement un oeil sur le jeune homme qui s'était reculé au moment du coup de feu, comme apeuré ? Possible dans un sens et le trentenaire ne fut pas surprit et ne se moqua pas intérieurement du garçon qui hésita très peu de temps avant de se saisir de son nouvel emploi chose qui ravi l'aîné qui se mit doucement à sourire. Non, il ne pensait pas de mal loin de là, il ne voulait pas non plus abuser des services de sa nouvelle recrue mais avoir un gamin si jeune serait une sorte d'étendard à sa cause et surtout à sa notoriété auprès des rebelles :

"Regardez, même un bambin préfère suivre la mafia plutôt qu'une frêle idée de justice et d'équité"

Dans un sens il ne pensait pas à cette chose de cette façon, de une il n'était la mafia que par pouvoir et non par envie et secundo, non il se foutait totalement de l'approbation des rebelles mais pour ses besoins il devait continuer à jouer sur les apparences et manipuler son auditoire.
Doucement il regarda le jeune garçon se présenter,... Liou ? En y réfléchissant et vu ses traits on écrirait d'une autre manière mais pour la phonétique pratique de l'Allemand il le prononcerait toujours ainsi... Inutile d'écrire, ce genre de relations ne doivent être connues que des intéressés.
Dans le même genre il remarqua que le jeune homme lui tendait le morceau de tissus imbibé de sang à présent, instinctivement le trentenaire refusa de le reprendre le faisant comprendre en repoussant délicatement la main tendue :

-Ramènes-le ce soir, ça te fera une raison de plus de trouver le courage pour venir récupérer ton salaire.

Il se mettait d'avantage à sourire, comme un ami ou un amant, doux et sympathique il se baissait fixant droit dans les yeux son nouvel acolyte qui risquait de monter vite en grade s'il se révélait aussi prometteur que l'imaginait le mafieux.
Se redressant il leva les yeux vers le ciel, soupirant passa ses mains dans ses poches tout en tendant l'oreille vers Liù.
Question pratique le mafieux répondit d'un geste las et d'une voix accordée à sa gestuelle :

-Tant que tu vends le reste ne m'intéresse absolument pas, le principe est et restera qu'une fois la totalité de ton stock vendu en un minimum de temps une prime saura te récompenser.

Attention, dans cette partie du jeu le trentenaire oubliait qu'en entrant dans cette lice il y avait fort à parier qu'il allait se faire tuer par d'autres dealers en quête de la prime offerte. D'ailleurs inconsciemment il se retourna et fit de nouveau face à son employé avec ce visage placide mais si agréable à regarder. Sa main gauche se présenta à son arcade réajustant son piercing avant d'entrouvrir sa bouche soufflant pour lui même un vague "C'est possible"
Il finissait sa pensée à voix haute avant de baisser les yeux droit dans ceux du jeune homme éclaircissant la pensée qui venait de lui traverser l'esprit :

-Si jamais il venait à y avoir un problème quelconque qui te gênerait dans ton boulot tu sauras vers qui te tourner.

Geste élégant il souleva à peine sa veste découvrant une partie de la crosse de son arme avant de se baisser chuchotant presque du bout des lèvres l'heure de rendez-vous ce soir après son boulot et le lieu où ils devraient se retrouver soit chez l'aîné.

Furtif il avait été attiré par le bruit des bombes et de paroles, bien entendu celui du coup de feu l'avait alerté d'un danger mais il devait faire sa besogne quitte à en mourir. Cela était de notoriété pour la liberté de Demathiae. Courant il passa près de deux personnes, sans même prêter regard il lâcha son morceau de papier et continua le plus rapidement possible sa route espérant voir l'un des deux se joindre à eux pour cette magnifique manifestation :

Comme il l’invitait à lui rendre son mouchoir plus tard, Liù le rangea dans la poche de son pantalon.
Son patron lui expliqua que mise à part le fait qu’il réussisse à vendre tout son stock en un minimum de temps, le reste n’avait pas la moindre importance.

« Ok. » acquiesça le gamin.

Vu sous cet angle, cela ressemblait presque à un jeu. Un jeu dangereux où l’on côtoie la mort, certes mais un jeu quand même. Finalement, cette idée plaisait à Liù et présenter la situation comme un jeu lui permit d’accepter l’idée plus facilement.

Elvanthyel marmonna un « c’est possible » qui laissa un moment le garçon perplexe. A quoi pensait-il ? Le petit le fixait d’un air interrogateur. Puis, le trentenaire reporta son attention sur lui et lui expliqua que s’il avait un pépin, il n’aurait qu’à le trouver. Pour appuyer sur ces mots, l’homme laissa entrevoir la crosse de son arme qui impressionnait toujours autant le petit garçon. Le patron se baissa et souffla à l’oreille de son employé l’heure et le lieu de rendez-vous avant de se redresser.

Liù opina du chef. Il aurait quand même aimé avoir une arme du genre pour pouvoir se défendre dans l’immédiat ! Parce que s’il devait chaque fois compter sur son patron, s’il rencontrait des problèmes, ce ne serait pas facile… Mais Liù était malin et avait plus d’un tour dans son sac ! Il saurait se défendre d’ailleurs, il le dit fièrement à son patron :

« T’inquiètes ! Je sais me défendre ! »

Puis il présenta fièrement la bombe qu’Elvanthyel lui avait passée un peu plus tôt :

« Ca dans les yeux, c’est fatal ! » dit-il en esquissant un petit sourire malicieux.

Après, il lui suffirait de courir ! Parce qu’il se voyait mal taper sur un grand avec sa force de moustique ! Il se battait des fois avec ses grands frères et du coup, il était bien conscient qu’il n’était pas de taille. Par contre, il se débrouillait vachement bien avec ceux de son âge et ça, il en était fier parce qu’il était quand même plus petit qu’eux !

Tout à coup, quelqu’un passa furtivement sans prendre le temps à coté d’eux, dans sa course effrénée, il laissa choir un morceau de papier. Etait-ce un accident ou l’avait-il fait exprès ? Liù se baissa pour le ramasser et l’observa, curieux. Malheureusement, il ne savait pas lire, il parvenait plus ou moins à reconnaître quelques caractères imprimés mais ce n’était rien de bien glorieux et cela ne lui permettait pas de lire. Si au moins il passait plus de temps à l’école plutôt que dans les rues, la lecture n’aurait pas été une lacune. Le garçon tendit le bout de papier à son patron en déclarant :

« Y’a un truc écrit dessus. »

Il fixa Elvanthyel, attendant qu’il interprète ce qui était écrit sur le papier. Il espérait bien qu’il lirait à haute voix ! Ce serait embêtant sinon parce qu’il devrait lui demander clairement ce qu’il y’avait d’écrit dessus.

Sa tête se relevait, le sentiment qu'il venait d'acquérir à sa cause le jeune homme l'étreignait avec un certains plaisir non dissimulé mais pas forcément aisé à reconnaître comme tel.
Doucement il se releva tout en se rapprochant encore de ce nouvel acolyte. Avec amusement il regardait cette force de caractère animer le jeune garçon, si fier de sûr de lui.
Ce qui était amusant c'est qu'il allait vite voir l'envers du décor mais ne pourrait s'en échapper sans y remédier par la violence qu'il n'était pas capable d'asséner.
Un simple sourire s'étirait sur les lèvres du trentenaire qui écoutait attentivement ce qu'il disait...
Des gestes vifs, une attitude insolente et pourtant si innocente ce qui attirait d'avantage l'avidité de l'Allemand. Personne n'irait suspecter un gamin aussi "adorable", par définition, de dealer de la drogue et susceptible de tuer. C'était à cette idée que l'émigré souhaitait parvenir, avoir un gamin si vivant proche de lui pour défrayer la chronique et il savait qu'il y parviendrait en observant le regard désireux de cet enfant.
Il voulait une arme, celle-là peut-être, pour jouer les caïds et bientôt cela serait peut-être le cas une fois ses preuves faites et si les plans ne changeaient pas de direction entre temps.
Calmement il fit quelques pas en arrière, le simple fait d'entendre quelqu'un dans son dos le dérangeait au plus haut-point.
On était jamais sûr de quoi que ce soit ici et encore moins avec lui dans les parages.
Reflex directement ordonné par ses muscles, il se saisissait de son arme sans gestes brusques et sans sortir quoi que ce soit de sa veste. Dans son angle mort il devinait quelqu'un qui courrait et en voyant son "employé" se baisser sans craintes pour ramasser un papier il se détendit rapidement apercevant enfin la silhouette se diriger dans les basfonds de la ville sans se retourner.
Avec une certaine appréhension il regardait le jeune homme effleurer des yeux le papier sans chercher à le lire, des menaces directement offertes aux concernés ?
Baissant sa main gauche, posée sur son arme, il se rapprocha doucement sans grande méfiance alors que le gamin lui tendait le papier avec un air inquisiteur.
D'un geste froid l'Allemand prit le morceau de papier lisant pour lui dans un premier temps se mettant également à sourire avant de déchirer le mot.
Apaisé, puisque n'ayant plus de surprise, il lança d'une voix vaguement détachée :

-L'espoir fait vivre.

Dans de rares cas il parlait à voix haute sans réellement s'adresser à quelqu'un, dans ces cas là il était souvent exhaspéré par les croyances humaines, basses et impies. C'était assez ironique en un sens pour lui de penser ainsi mais les choses n'y aidant pas il laissait le naturel passer avant-tout concluant sa pensée d'un trait :

-Tu peux toujours aller vendre ta marchandise sur la place, apparemment il y aura de quoi faire pour une première fois.

(Salut! Désolée pour le temps de réponse! >.<' Ah! Et j'ai écrit en blanc parce que j'ai du mal à lire le gris sur le fond noir... >.<')

Liù attendait sans détacher son regard de son nouveau patron qui lisait ce qui était inscrit sur le bout de papier. Le petit était curieux de savoir ce qu’il y’avait d’écrit dessus. Il fut étonné de voir Elvan’ le déchirer en déclarant que l’espoir faisait vivre.

« Hm ? » laissa échapper le gosse perplexe en penchant légèrement la tête sur le coté.

Ceci dit, il ne resta pas bien longtemps dans l’ignorance, apparemment, un regroupement de rebelle allait avoir lieu bientôt à la place où Elvan’ lui proposa de se rendre pour y vendre la marchandise en ajoutant qu’il y’aurait certainement de quoi faire pour une première fois.

Mais ce qui enchantait le plus le gamin, c’était surtout l’idée de se mélanger à d’autres rebelles ! Et puis, s’il y’avait un rassemblement, ce ne serait sûrement pas pour rester les bras croiser à ne rien faire, il y’aurait fort probablement une effusion de couleurs ! A quoi bon faire un rassemblement si c’était pour se tourner les pouces sinon ?

« Ok, j’irais ! » déclara vivement le gamin.

Il se demanda si son frère était au courant de se rassemblement et s’il comptait s’y rendre.

*Bah ! Sûrement !* se dit-il.

Le sac sur le dos, le petit jeta un coup d’œil au cadavre du gars qui était resté près d’eux puis il leva la tête et fixa son patron droit dans les yeux. Son regard semblant signifier qu’il était déterminé à ne pas subir le même sort que celui-là !

« Je file, j’ai du boulot. » déclara Liù en effectuant un petit hochement de tête en guise d’au revoir avant de filer en courant.

Quand il s’estima suffisamment loin, il s’arrêta pour marcher. Il avait fait le fier mais au fond, ce gars, son boss lui fichait la trouille. Le petit tremblait en repensant à ce qui venait de se produire. Il espérait qu’il ne finirait pas comme l’autre mais pour ça il n’y avait qu’une solution : il ne devait pas décevoir Elvan’ et pour ne pas le décevoir, il était forcé de vendre.

*Allez, Liù, dis toi qu’au moins, t’auras plus à te casser la tête pour trouver des bombes* tenta de positiver le gamin.

Mais était-ce vraiment positif ? Risquer sa vie pour des bombes de couleurs en valait-il vraiment la chandelle ? Et à cette question Liù se rappela de sa vie avant qu’il ne connaisse les couleurs et finalement il se dit que oui, le jeu en valait la chandelle parce que pour lui, tout ceci n’était ni plus ni moins qu’un jeu. Car la vie était pour lui comme un énorme plateau de jeu dans lequel il y’avait plusieurs pions et plusieurs cases qui nous permettaient d’avancer soit de reculer… Mais une chose était sûre : il ne voulait pas perdre à ce jeu et il ferait tout pour éviter cela. Oui, tout ! Ou presque…